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L’ONU publie un bilan des engagements des États avant la COP21 de Paris, qui évalue l’effet agrégé de ces « contributions nationales » (INDC). L’analyse, comme d’autres avant elle, confirme que ces contributions sont un premier pas très important, mais insuffisant pour limiter le réchauffement planétaire à moins 2°C d’ici la fin du 21e siècle. Au regard de l’urgence climatique, tous les États, en particulier les moins bons élèves, devront revoir leur copie avant 2018. Cela tombe bien : c’est possible, et c’est bénéfique pour leur économie, leurs emplois, la santé de leur population.

Des engagements nombreux, mais insuffisants pour contenir le réchauffement planétaire

Un mois avant le début de la conférence de Paris, plus de 150 États, représentant près de 90% des émissions mondiales, ont déposé leur contribution nationale pour l’après 2020. Cependant, le rapport de l’ONU confirme, comme d’autres analyses avant lui[1], que les engagements des États avant la COP21 ne suffiront pas à limiter le réchauffement planétaire en deçà de 2°C, limite fixée par la communauté internationale. Elles permettent de s’en rapprocher. D’autres analyses montrent qu’avec ces engagements, le monde se dirige plutôt vers un réchauffement de 3°C. Le rapport de l’Onu souligne le besoin urgent de réaliser des réductions d’émissions supplémentaires, au-delà des engagements annoncés.

Le rapport de l’Onu souligne le besoin urgent de réaliser des réductions d’émissions supplémentaires, au-delà des engagements annoncés

La majorité des engagements ne concernent pas que la réduction des gaz à effet de serre, mais incluent aussi à l’adaptation aux impacts des changements climatiques et la construction de sociétés « résilientes ».

Revoir les copies avant 2018

La COP21 ne peut pas se limiter à confirmer les engagements actuels des pays. Il est indispensable que tous les États confirment à Paris qu’ils reverront leur copie dès que possible et bien avant 2020, date de l’entrée en vigueur de l’accord mondial sur le climat. Et qu’ils se reverront tous les 5 ans pour mettre de nouveaux engagements sur la table, toujours plus ambitieux que les précédents.

L’idée d’une réunion en 2018 pour faire un bilan commence à poindre dans les négociations internationales. Ce doit être le moment d’annoncer une version plus ambitieux des engagements nationaux. Sauf qu’aucun pays n’affirme clairement que ce serait l’occasion d’augmenter son engagement. De plus, on peut se demander pourquoi attendre 2018 pour « faire le point », puisque les analyses sur l’effet des contributions nationales sont déjà disponibles, et qu’on sait déjà que ces dernières sont insuffisantes.

L’accord signé à la COP21 devra créer des mécanismes solides pour renforcer ces engagements nationaux

Tout l’enjeu est donc de construire à Paris les fondations d’un cadre international durable, qui nous permette de faire le reste du chemin entre ces contributions nationales et un climat stabilisé.

Les pays doivent donc placer 3 ingrédients absolument indispensables dans l’accord de Paris :

Qui sont les cancres ? Qui sont les bons élèves ?

Il y a des cancres et des mauvais élèves, et quelques pays au premier rang (lire le dossier de presse du Réseau Action Climat).

Au fond de la classe, en train de dormir sur le radiateur chauffé au fuel, tous les pays qui estiment que les combustibles fossiles comme le gaz, le pétrole et le charbon, font partie des énergies d’avenir. Parmi eux, les pays pétroliers qui n’ont pas rendu leur copie contenant leur engagement climatique pour la COP21. Mais aussi tous les États, souvent parmi les plus riches, qui ont annoncé des engagements très faibles car ils n’ont pas enclenché leur transition énergétique (Australie, Japon, Turquie, Canada, Russie, etc.). Ceux-ci prévoient de construire de nouvelles centrales au charbon, exploiter les sables bitumineux, ou bien forer pour le gaz et le pétrole en Arctique, etc. Ces pays-là refusent encore que l’accord de Paris traduise en des termes très concrets la limite de réchauffement de 2°C que s’est fixée la communauté internationale  : en 2050, on ne pourra plus consommer d’énergies fossiles, et il faudra utiliser une énergie 100% renouvelable. Et il faut donc commencer cette transition dès maintenant.

Les États-Unis et l’Europe font un peu mieux, mais restent parmi les mauvais élèves. Cette phase d’annonces des États avant la COP21 était l’occasion pour eux de prendre des cours intensifs et de rattraper leur important retard, surtout pour les États-Unis. Voire même, de briller en classe. Résultat : ils ne sont pas hors sujet, mais n’utilisent pas tout leur potentiel. Notamment dans le développement des énergies renouvelables, des transports propres, des économies d’énergies dans le bâtiment.

Les Européens et les Américains sont en train de se faire dépasser par les pays émergents. Le Brésil et l’Inde montrent leur volontarisme à se développer de manière plus propre, mais leur progrès ne sont pas assez rapides sur la lutte contre la déforestation et la réduction de la consommation de charbon, respectivement. Les Chinois, eux, se rapproche du premier rang, en annonçant des mesures claires et ambitieuses sur le développement des énergies renouvelables, le lancement du plus grand marché carbone au monde, et des financements pour la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Mais comme tous les assez bons élèves, elle aurait la possibilité d’aller encore plus loin, jusqu’au premier rang, et d’entraîner la classe avec elle.

Mais qui sont les bons élèves ? On ne les trouve pas parmi les principaux pays émetteurs. Ils sont plutôt du côté des pays les plus fragiles ou en développement. Ceux-ci savent qu’avec le changement climatique, c’est leur survie qui est en jeu. Et qu’il est bénéfique pour eux de se développer sans passer par la case pollution. Mais pour cela, ils comptent sur un soutien international (fonds publics, collaboration internationales, investissement privé). Parmi eux : l’Ethiopie, le Costa Rica, le Maroc (plus développés), les Îles Marshall (archipel du Pacifique).

Les « contributions nationales » misent sur les énergies renouvelables

Point positif, quasiment toutes les contributions nationales mentionnent les énergies renouvelables comme solution pour réduire les émissions et fournir un accès à une énergie propre, y compris dans les pays pauvres.

Ce n’est pas le cas du projet d’accord de Paris, actuellement sur le bureau des négociateurs des 196 pays de la Convention climat : ce projet ne mentionne pas une seule fois le mot « énergie » ! Pourtant, la consommation d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) est la principale source des émissions de gaz à effet de serre et cause des changements climatiques.

Les engagements des Etats indiquent que le développement des énergies renouvelables au niveau mondial devrait s’accélérer. S’ils sont respectés, ces plans aboutiraient à ce que les énergies renouvelables fournissent 36% de l’électricité mondiale en 2030 (d’après le rapport du projet MILES). La Chine et l’Inde devraient installer à elles seules, au cours des 15 prochaines année, deux fois la capacité d’éolien et de solaire existante. En Europe, l’argument de ceux qui s’opposent  une action plus ambitieuse sur le climat, selon lequel nous sommes les seuls à agir, s’est donc effondré.

 

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[1] Les autres analyses incluent : le Climate Action Tracker, le rapport du projet MILES piloté par l’IDDRI, le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (à paraître)

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