* D’après les analyses du Climate Action Tracker (2015).

 

Lors du G7 de 2015, à Elmau, en Allemagne, le Japon a annoncé sa proposition d’objectif climatique pour 2030, qui a été confirmée lors de l’officialisation de la contribution nationale japonaise le 17 juillet. Par cette annonce, le Japon confirme son rôle de très mauvais élève du climat. Comme l’Australie, le pays est en train de se marginaliser à l’échelle internationale, dans son entêtement à ne pas prendre le tournant de la transition énergétique.

L’objectif annoncé, d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 26% d’ici à 2030 est exprimé par rapport à 2013. Il équivaut en réalité à une baisse des émissions de 13% par rapport à 1990, ce qui est très faible. La note « insuffisante » qu’on donné les scientifiques du Climate Action Tracker à la contribution japonaise signifie que : si tous les pays choisissaient des niveaux d’engagement comparables, alors le monde serait sur une trajectoire de réchauffement de 3 à 4°C en moyenne par rapport à la période préindustrielle, bien au-delà de la limite des 2°C.

Avec les mesures et politiques publiques déjà en place dans l’archipel nippon, le pays devrait atteindre l’objectif affiché. Cela signifie qu’il ne compte faire aucun effort supplémentaire pendant quinze ans !

En réalité, le Japon a annoncé, dans sa contribution, qu’il ne comptait faire aucun effort supplémentaire pour réduire ses rejets de gaz à effet de serre pendant quinze ans !

En outre, le gouvernement nippon inclut dans cet objectif les « puits » de carbone opérés par les forêts et les sols, ce qui passe l’effort à réaliser dans tous les autres secteurs (énergie, transport, agriculture, industrie, bâtiment etc) à seulement 23,3% de réduction des gaz à effet de serre à horizon 2030 (soit -15% en 2030 par rapport à 1990).

Pire, l’objectif n’est pas domestique. Le pays pourrait s’appuyer, pour le réaliser, sur le Mécanisme japonais de crédits carbone (JCM – Japanese Crediting Mechanism), un mécanisme de crédits carbone internationaux qui ne répond même pas aux règles du Protocole de Kyoto. Cela signifie que l’effort domestique serait réduit à une baisse des gaz à effet de serre de seulement 16-20% environ d’ici à 2030 par rapport à 2013 (soit 7-11% par rapport à 1990).

Déjà en 2013, le Japon avait annoncé la couleur en revenant sur son objectif à horizon 2020, pris à la COP15 de Copenhague. Le gouvernement avait alors annoncé l’abandon de l’objectif de -25% en 2020 par rapport à 1990, à cause de la catastrophe de Fukushima, pour le passer à -3,8% par rapport à 2005, ce qui se traduit pas une augmentation de +10% en 2020 par rapport à 1990.

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