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100 milliards de dollars par an, à horizon 2020

C’est l’objectif fixé par les pays développés à Copenhague pour fournir un soutien financier aux pays en développement leur permettant d’exploiter leur potentiel en réduction d’émissions de gaz à effet de serre et faire face aux impacts existants et futurs du dérèglement climatique. Cet engagement est très flou puisqu’il invite les pays à mobiliser des financements publics et privés, et des sources « alternatives » de financement. Depuis que cet engagement a été pris, il a créé un déficit de confiance entre les pays développés et les pays en développement car trop souvent, les pays développés ont eu tendance à re-étiqueter de l’aide publique au développement plutôt que de mobiliser des financements additionnels. Pire, de nombreux pays bailleurs sont loin d’atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de leur Revenu National Brut à l’Aide Publique au Développement. En bref, les pays développés essaient de faire d’une pierre deux coups avec une pierre déjà trop petite. Résultat, les pays en développement ne sont pas en mesure de financer les programmes d’adaptation, et de développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Politiquement, cela freine les négociations depuis plusieurs années. Comment croire en un nouvel accord universel si les pays développés ne respectent pas les engagements pris sur la période en cours ?

150 milliards de dollars par an d’ici 2025-2030

C’est le coût a minima estimé par le Programme des Nations Unies pour permettre aux pays en développement de faire face aux impacts de la crise climatique d’ici 2050. Dans le cas d’un scénario catastrophique de 3-4°C de réchauffement, (trajectoire sur la quelle on est actuellement au regard de la faiblesse des engagements pris), ces besoins pourraient monter en flèche et représenter jusqu’à 350 milliards de dollars par an en 2070 pour le seul continent africain, sans compter les pertes économiques irréversibles.

61,8 milliards de dollars par an en 2015

C’est le volume financier actuellement mobilisé en matière de lutte contre les changements climatiques selon le rapport publié par OCDE et CPI le 7 octobre 2015. Ce rapport permet de mieux comprendre la nature des flux financiers mobilisés : environ 2/3 sont mobilisés via des flux publics et environ 1/3 sont des flux financiers privés « mobilisés grâce à des financements publics ». Le rapport souligne la difficulté méthodologique de comptabiliser cet effet levier et la société civile critique fortement la place accordée aux financements privés dans les 100 milliards car les pays développés s’en servent comme argument pour limiter la place des financements publics alors même que les besoins financiers publics sont énormes et bien au-delà de 100 milliards de dollars par an. Le recours massif à des prêts plutôt qu’à des dons fait que 77% des financements disponibles sont orientés vers la réduction des émissions.

15 milliards de dollars/an en 2020

C’est le total des engagements additionnels annoncés en 2015, notamment à la réunion des ministres des finances réunis à Lima le 9 octobre, par les banques multilatérales, l’Allemagne, le Royaume Uni, la France et l’Union Européenne ont annoncé. Ces engagements viendront se rajouter aux flux existants de 61,8 milliards de dollars par an. Numériquement, cela nous rapproche de l’objectif de 100 milliards de dollars. En revanche, plusieurs bémols à avoir en tête :

Entre 16% et 23%

C’est le volume actuellement consacré par les bailleurs à l’adaptation pure selon le rapport publié par l’OCDE. C’est exactement le % des financements climat français consacré à l’adaptation. C’est bien en deçà des besoins financiers et des priorités exprimées par les pays les plus vulnérables.

8,5%

C’est le volume de financements climat que la France consacre aujourd’hui aux pays les moins avancés alors que ce sont eux qui sont en première ligne de la crise climatique. C’est largement insuffisant et tout l’enjeu des 4 prochaines années est de rectifier le tir afin que les financements publics aillent à ceux qui en ont le plus besoin.

5 milliards d’euros

C’est l’engagement pris par François Hollande à New York fin septembre 2015 de consacrer 5 milliards de dollars par an à la lutte contre les changements climatiques à horizon 2020 – ce qui représente une enveloppe supplémentaire de 2 milliards d’euros par an par rapport aux engagements actuels. Il s’agit maintenant de voir comment cet engagement sera traduit dès 2016 dans la loi de finance française et dans le Cadre d’Intervention Stratégique « climat » de l’AFD. Par ailleurs, le gouvernement n’a pas encore clarifié quelle partie de cet engagement sera décaissée sous forme de subventions et non de prêts.

Après 2020

C’est tout l’enjeu financier de l’accord de Paris (tous les enjeux ici) : quels mécanismes financiers construire pour tirer les leçons et prendre la suite de l’engagement à 100 milliards de dollars/an ? Il s’agit cette fois-ci de prendre des engagements plus adaptés aux besoins des pays, plus prévisible, réguliers et traçables. En d’autre termes : des financements publics. L’accord de Paris doit créer un un système qui fixe tous les 5 ans des objectifs financiers en matière de financements publics. L’adaptation et l’atténuation devraient faire l’objet d’engagements financiers dédiés. Chaque année, les pays bailleurs annonceraient comment ils comptent atteindre l’objectif fixé.

500 milliards de dollars

C’est le montant des subventions publiques accordées annuellement aux énergies fossiles dans le monde entier. C’est la preuve que l’argent existe mais qu’aujourd’hui, il contribue à maintenir sous respiration artificielle les énergies fossiles et à alimenter la crise climatique plutôt que de financer les politiques d’adaptation et les solutions. C’est là aussi un enjeu de la COP21 qui doit permettre de progressivement réorienter tous les financements publics climaticides.

7 semaines

C’est le temps qu’il nous reste avant l’ouverture de la COP21 qui doit aboutir à un accord universel, contraignant, solidaire et ambitieux permettant de stabiliser le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C. Dans ce contexte, les financements sont clé pour soutenir les populations faisant face à des impacts croissants et d’autant plus si les plus grands pollueurs décident de placer la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3°C.

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