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Un nouveau brouillon d’accord mondial sur le climat vient d’être publié. Il s’agit probablement de l’avant-dernière version. Tous les choix déterminants sont encore entre crochets.

Nous entrons dans la dernière ligne droite des négociations. La question n’est plus de savoir si la COP21 permettra l’adoption d’un accord universel, mais de savoir si cet accord sera à la hauteur du défi climatique.

Certaines avancées de ces derniers jours de COP21 méritent d’être saluées. Par exemple, la mention par de nombreux gouvernements de l’objectif de limitation du réchauffement à 1,5°C. Mais le dire ne suffit pas. Pour maintenir ce cap, de forts engagement sont nécessaires et une sortie des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) est indispensable. Soyons clairs : dire que l’on soutient l’objectif de 1,5°C de réchauffement signifie qu’on doit laisser ces énergies fossiles dans le sol.

Alors que l’heure est aux derniers compromis, il semble encore possible de corriger le tir.

Rappel : ce qu’on pouvait attendre de cette COP21

L’accord de Paris pouvait (et peut encore) créer les mécanismes et les rouages nécessaires à la planification et l’accompagnement  d’une transition mondiale et solidaire. Il pouvait nous faire passer des énergies sales aux énergies renouvelables, et aider les sociétés vulnérables à devenir des sociétés résilientes.

L’accord pouvait (et peut encore) permettre de renforcer les engagements climatiques des pays et de s’assurer que les financements soient au rendez-vous pour appuyer les États les plus démunis face à la crise climatique. L’accord pouvait enfin contribuer à fixer un cap énergétique à horizon 2050 pour l’ensemble de la planète.

Le Comité de Paris s'est réuni aujourd'hui à 15h pour la publication du nouveau texte d'accord. Il se réunit à nouveau ce soir à 20h.

Le Comité de Paris s’est réuni aujourd’hui à 15h pour la publication du nouveau texte d’accord. Il se réunit à nouveau ce soir à 20h.

L’accord de Paris pouvait (et peut encore) être dès aujourd’hui, avant même son entrée en vigueur, un outil et un signal fort qui impulse partout dans le monde une réorientation des investissements, des choix politiques et économiques.

Malheureusement, à mesure que les heures passent, la perspective d’un accord universel, ambitieux et respectueux des droits humains s’éloigne.

Pourquoi ce qui se passe à la COP21 est insuffisant

Hier, le Réseau Action Climat a lancé un cri d’alerte, face aux risques de plus en plus prononcés de voir la COP21 se solder par un accord au rabais. Un accord injuste, incapable de nous remettre sur une trajectoire de réchauffement en deçà du seuil de 1,5°C.

Certes, cet accord contient moins de crochets et d’options. Certes, la limite de réchauffement de 1,5°C reste une option dans le texte. Mais les moyens et la feuille de route pour respecter ce seuil manquent toujours à l’appel. Le mécanisme de révision des engagements est toujours aussi faible et tardif.

Les engagements financiers qui permettraient de garantir des financements climat, prévisibles et croissants après 2020, sont toujours entre crochets. Et ce malgré leur importance pour mettre de l’huile dans les rouages de l’ambition des Etats et pour protéger les plus vulnérables.

Sur le cap de long terme, deux visions du monde continuent de s’opposer : une fourchette de réduction de gaz à effet de serre très ambitieuse et une vision en demi-teinte, soutenue par les plus grands émetteurs car elle freinerait la transition énergétique mondiale.

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Aujourd’hui au Bourget, l’ours de Greenpeace, Aurora, a mis ses rugissements au service des plus vulnérables face aux changements climatiques.

Il reste 24 heures pour réinjecter de l’ambition dans ce texte. Les opposants les plus évidents à un accord ambitieux (comme l’Arabie saoudite) sont l’arbre qui cache la forêt. Tous les compromis qui sont en train de se faire derrière des portes closes, sans sursaut ni éclat de voix, répondent encore à des intérêts nationaux de court terme. Aucun pays ne défend vraiment l’intérêt des populations, des plus vulnérables, des pays menacés.

Tous les pays sont responsables de la conclusion de l’accord de Paris : les grands pollueurs doivent arrêter d’entraver la transition énergétique et de prendre en otage la négociation. Les pays qui subissent cette pollution doivent refuser des compromis au rabais et protéger les fonctions vitales qui permettront de progressivement rectifier le tir.

Privé de ses fonctions vitales, l’accord de Paris donnera raison à tous ceux qui se battent pour préserver leurs droits à polluer. Un tel accord serait inadmissible.

Les solutions sont aussi entre nos mains. Une action de la société civile est en cours au Bourget pour réclamer un accord plus ambitieux.

 

 

 

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