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Le scandale Volkswagen, qui menace directement la survie du groupe, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le diesel propre n’existe pas. Les transports sont le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France et une source majeure de la pollution de l’air. Rien que dans l’Hexagone, cette pollution coûte 100 milliards d’euros par an et écourte la vie de 42 000 personnes. Pour que la France soit exemplaire avant la COP21, le Réseau Action Climat rappelle au gouvernement qu’il doit mettre les bouchées doubles sur les normes, le contrôle, la taxation des transports polluants, et développer les alternatives à la voiture comme le train, les transports en commun et le vélo.

Des tricheries dénoncées depuis des années par les associations

L’affaire Volkswagen n’est que la pointe émergée de l’iceberg. Depuis des années, les associations environnementales dénoncent les tricheries des constructeurs automobiles lors des tests antipollution exercés sur les véhicules, avant leur mise sur le marché. La fédération européenne du Réseau Action Climat, l’ONG Transport and Environment (T&E), ainsi que l’International Council on Clean Air Transportation (ICCT) ont effectué eux-mêmes des tests sur des véhicules en circulation et ont mis la puce à l’oreille du gouvernement américain (cf. communiqué du Réseau Action Climat). Le Réseau Action Climat exige l’introduction d’un nouveau cycle d’homologation des véhicules, avec une nouvelle procédure de test en conditions réelles. En effet, l’arrivée de ces nouveaux tests a été considérablement retardée et affaiblie par les lobbies de l’industrie automobile.
Ce qui est sûr, c’est qu’une réponse politique au scandale Volkswagen est impérative, pour éviter les effets les plus délétères. Le quotidien britannique The Guardian cite ce chiffre effrayant : 1 million de véhicules Volkwagen non conformes aux normes, c’est 1 million de tonnes d’oxyde d’azote en plus rejetées dans l’air de nos villes et de nos campagnes !

Quelles différences entre les tests d’homologation et la réalité des émissions des voitures ?

Les tests réalisés par des instituts indépendants montrent que :

  • Sur les tests d’émissions de CO2 des voitures : les rejets de CO2 des véhicules en conditions réelles sont de 40% supérieurs aux résultats des tests antipollution. Cela représente 500 euros de carburant en plus par an en moyenne pour une voiture.
  • Sur les tests d’émissions (hors CO2) des véhicules diesel : il n’y a quasiment pas eu de progrès entre la norme Euro 3 et la norme Euro 5. La norme Euro 6, présentée comme « diesel propre » et en vigueur aujourd’hui, n’est respectée que par un véhicule sur dix. En moyenne, les rejets d’oxyde d’azote (NOx) dégagés par ces nouveaux véhicules sont cinq fois plus importants pendant les tests réalisés en conditions réelles. Pire, ce facteur varie de 2 à 22 selon le type de véhicule !

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Comment expliquer cet écart ?

Plusieurs causes expliquent cet écart entre les tests d’homologation des véhicules et les tests réalisés en conditions réelles.

  • L’obsolescence du cycle d’homologation, qui n’est pas fidèle à la conduite réelle
  • Des procédures de test trop souples, qui rendent possibles de nombreuses « optimisations » du véhicule (en savoir plus ici : http://www.rac-f.org/IMG/png/voiture.png)
  • Des laboratoires qui sont payées par les constructeurs automobiles eux-mêmes ! De plus, les autorités européennes n’effectuent pas de tests sur les véhicules vendus, contrairement aux autorités américaines qui en testent certains
  • Mais de tels écarts (facteur 22 voire 40 dans le cas de Volkswagen !) laissent penser que les engins de dépollution pourraient être désactivés sur certains véhicules en circulation grâce à des logiciels espions. Ce qui serait ni plus ni moins que de la fraude (contrairement aux « tricheries » sur les tests)
  • Le comble : ce sont les véhicules les plus lourds et les plus polluants qui en proportion dépassent le plus les normes !  
Toutes les principales marques automobiles mettent sur le marché européen des véhicules qui ne respectent pas les normes CO2 et Nox. Ainsi, au-delà de la question de savoir qui utilisent des « logiciels espions », les institutions européennes doivent mettre fin tant aux fraudes qu’aux combines et tricheries des constructeurs. Pour enfin garantir le respect des normes et donc la réduction de la pollution.
 

Qu’attendre de la France et de l’Europe ?

En France
  • Pour être exemplaire avant la COP21 et réduire les émissions de polluants, la France doit progressivement supprimer l’avantage fiscal accordé au diesel. Cette suppression progressive commence par relever le taux de taxe du diesel, y compris pour les transporteurs routiers, dès le projet de loi de finance de 2016 (en discussion dès le mois de septembre 2015). Elle devra s’achever en 2020 au plus tard.
  • Privilégier les alternatives à la voiture, aux camions et aux avions, en développant les transports propres : les transports collectifs, le train et le vélo. Cela peut être financé par les recettes de la taxe sur le gazole.
  • Au niveau local, il est essentiel de limiter le rôle de la voiture avec les zones à circulation restreinte (zones « respire »), la piétonnisation des villes, les plans vélos-marche à pied, les péages urbains etc.

 

En Europe

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