L’Éthiopie a soumis son INDC le 10 juin 2015. Elle fait partie du groupe des Pays les moins avancés (PMA). Sa responsabilité historique dans les changements climatiques est très faible et ses capacités d’agir sont également limitées. Pourtant, le pays propose de faire plus que sa part de l’effort, telle que déterminée par la plupart des analyses. C’est pourquoi l’Éthiopie est l’un des rares pays à avoir soumis une contribution nationale pour Paris qui paraît cohérente avec l’objectif de limiter l’élévation de la température en deçà de 2°C. Elle a été notée comme « satisfaisante » par le Climate Action Tracker.

Rappelons que l’Éthiopie est responsable de seulement 0,3% des émissions, alors que sa population n’a majoritairement pas accès à l’électricité et que 72% des Éthiopiens vivent avec moins de 2 dollars par jour.

Dans le scénario de « laissez-faire », les émissions de gaz à effet de serre de l’Éthiopie devraient atteindre 310 MtCO2 en 2030, par rapport aux niveaux de 2010 et à l’exclusion de 95 MtCO2e capturés par les forêts. D’ici à 2030, l’Ethiopie envisage donc de réduire ses émissions de 64% par rapport à un scénario de laissez-faire. Cet écart important s’explique par un objectif ambitieux sur la production d’électricité (et l’accès), qui envisage de passer par les énergies renouvelables et ainsi de limiter l’intensité carbone de la production électrique (connectée au réseau) à son niveau actuel, soit proche de zéro. L’INDC s’appuie en outre sur la Stratégie nationale pour une économie verte et résiliente (Climate Resilient Green Economy – CRGE), à travers laquelle le pays s’est engagé à réduire ses gaz à effet de serre et à améliorer la résilience de son économie tout en parvenant au statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2025.

L’Éthiopie ne précise pas la partie de son INDC qu’elle pourra réaliser sans soutien international. Cela aurait été utile. Elle s’est cependant engagé à communiquer cela.

En termes de transparence, l’Éthiopie a également fait des efforts pour son INDC. Les hypothèses de base sont expliquées, et l’INDC décrit clairement pourquoi elle est juste et ambitieuse,  à partir d’une approche objective (émissions par habitant – actuelles et futures, pourcentage de la population ayant accès à l’électricité, potentiel de réduction des gaz à effet de serre dans les secteurs prioritaires). D’autres pays ont cherché à objectiver leur évaluation de l’ambition et de l’équité de leur contribution (Mexique, Suisse) mais ne sont pas aussi loin. Toutefois, l’Ethiopie aurait pu fournir plus de détails sur les méthodologies utilisées pour comptabiliser les puits de carbone dans les sols et les forêts. Son INDC appelle néanmoins à développer des critères robustes.

* Évaluation réalisée par le Climate Action Tracker (2015)

suite

Chili

Les derniers billets du blog

Les actualités climat décryptées par le Réseau Action Climat

tous les billets