COP_15_Opening_Session

 

Alors que la COP21 s’ouvre, le Réseau Action Climat revient sur le fonctionnement d’une « COP » (Conférence des parties, soit les 195 pays membres de la Convention de l’ONU sur le climat) et des négociations climatiques internationales. Qu’est-ce qu’une COP et pourquoi est-ce un moment important, en particulier la COP21 ? Comment y sont prises les décisions ? Quels sont les principaux protagonistes en présence et que peut-on dire du contexte des négociations ?

 

 

La COP, son origine et ses grands principes

Lors des deux semaines de la COP21, les États négocient et prennent des décisions sur les réponses à apporter au problème des changements climatiques. Le cadre de ces négociations a été posé par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette convention, aussi appelée “Convention Climat” a été adoptée lors du Sommet de la Terre de Rio, en 1992. Depuis 1995, tous les pays signataires se rencontrent chaque année. Le but de cette convention : maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, de façon à limiter la perturbation du climat et à empêcher que cette perturbation soit irréversible. En 2010, les pays ont décidé collectivement qu’il fallait pour cela contenir le réchauffement de la température moyenne du globe en deçà de 1,5 ou 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, et d’ici la fin du XXIe siècle.  

(c) ELEKHH

(c) ELEKHH

Depuis, les États ont pris tellement de retard dans la réduction des gaz à effet de serre, que les impacts des changements climatiques en cours sont déjà visibles, et qu’il faudra s’y adapter. L’atténuation des gaz à effet de serre et l’adaptation sont les deux grandes modalités d’action, complémentaires et non substituables, face au changement climatique.

La Convention Climat contient deux grands principes sur lesquels les négociations pour le climat se sont construites. D’abord, un principe de solidarité : les pays développés doivent appuyer financièrement et technologiquement les pays en développement. Ensuite, un principe de responsabilité commune, mais différenciée : tous les pays sont et seront touchés par les changements climatiques, mais tous n’ont pas la même responsabilité dans ces changements. Les plus responsables doivent donc faire plus d’efforts et prendre les devants.

Qui sont les grands acteurs de la COP21 ?

Acteurs de la COP    

Les négociateurs et décideurs politiques de chaque pays sont les seuls à pouvoir accéder à tous les espaces de négociation. Pour représenter la science du climat, des chercheurs et experts sont également présents lors de chaque COP. Les associations de protection de l’environnement et de développement participent également aux COP en tant qu’observateurs. Elles mettent la pression sur les Etats pour que leurs négociations aboutissent à des résultats ambitieux. Les manifestations qui ont lieu pendant la COP21, à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace officiel des négociations, créent une pression citoyenne supplémentaire sur les gouvernements.

On trouve aussi dans les COP des réseaux de collectivités territoriales. Le rôle des collectivités est essentiel car c’est elles qui appliqueront, à l’échelle locale, la grande majorité des mesures de lutte contre les changements climatiques. Tous ces acteurs n’ont pas les mêmes pouvoirs de décision. Seuls les représentants des Etats négocient. Ceux qui ne négocient pas sont des observateurs.

La COP21 dure deux semaines. Elle débute dimanche 29 novembre après-midi avec les négociateurs, puis avec l’arrivée de 150 chefs d’Etat et de gouvernement sur le site de Paris-Le Bourget lundi 30 novembre. Fait inhabituel : ils ne resteront qu’un jour puis les négociateurs des 195 pays reprendront leurs négociations, avant de passer la main à leurs ministres et à la présidence française de la COP21 au cours du weekend, à la fin de la première semaine. Depuis ce samedi 28 novembre, le Bourget n’est plus un territoire français : il est placé sous le contrôle de l’ONU. C’est le cas pour toutes les négociations climat.

Les principaux enjeux de la COP21

4 grands enjeux se dégagent autour de cette 21ème Conférence internationale sur le climat :

Contrairement à ce qu’a pu déclarer la Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, les scientifiques nous disent qu’il est encore possible de rester dans la limite de réchauffement de 2°C. D’après le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), les États ont pris des engagements qui devraient permettre de faire la moitié du chemin. Comment aller jusqu’au bout ? Une grande part de cette tâche incombe aux États eux-mêmes, pas à l’ONU. L’accord signé à Paris sera un signal pour les inciter à aller plus loin, et notamment à financer la transition énergétique dans les pays en développement.

Quels sont les outils à portée des pays pour relever le défi climatique ?

Plusieurs outils ressortent du vocabulaire de la Convention Climat et sont discutés dans le cadre de la COP21.

 

 

Comment seront prises les décisions lors de la COP21 ?

Lors de la COP21, chaque décision sera adoptée par consensus. Une exigence d’unanimité qui fait dire à certains observateurs, que la gouvernance du climat est une gouvernance molle.

 

Est-ce qu’on peut se passer de la COP21 ?

La COP21 n’est pas une baguette magique : elle est nécessaire mais insuffisante. En parallèle d’une action renforcée des Etats, la COP organisée par les Nations unies est le seul cadre où tous les pays sont réunis autour de la table. Où les pays les plus vulnérables sont représentés. Ce n’est donc pas une mascarade inutile.

Cependant, le Réseau Action Climat dénonce aussi la présence à la COP21 d’acteurs qui n’y ont pas leur place, comme les lobbies pétroliers et gaziers, et élève la voix pour la dénoncer.

 

 

Quels sont les grandes lignes de force et les principaux protagonistes ?

Certaines grandes lignes de force risquent de marquer les négociations qui auront lieu dans le cadre de la COP21. Elles concernent par exemple l’Inde, pays à la fois mobilisé sur le climat (en particulier via l’énergie solaire) et réticent, ainsi que les pays pétroliers, dont l’intérêt est de ralentir la sortie des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), ont également un rôle clé. Les observateurs des négociations climatiques observent également que la Chine a changé de posture depuis la COP15, à Copenhague. De leur côté, les pays les plus vulnérables au changement climatique chercheront à éviter à tout prix un accord trop peu ambitieux.

(c) DAVIDARDFONJONES

(c) DAVIDARDFONJONES

Comment se sont passés les précédents échanges ?

Les négociations préparatoires à la COP21 progressent à un rythme très lent. La dernière réunion a permis d’identifier les problèmes clés mais n’a pas permis d’arriver à des avancées majeures et toutes les options sont encore sur la table.

Des raisons d’y croire ?

Les choses bougent. Les énergies renouvelables sont en plein boom au niveau mondial, les emplois verts se développent partout, les collectivités territoriales et les citoyens n’attendent pas pour innover et agir. Le niveau d’engagement des pays n’est clairement pas le même aujourd’hui qu’il l’était à Copenhague en 2009.

Mais à la veille des négociations, les pièces sont mouvantes et tout semble encore possible. Le contexte des négociations et le fait qu’un grand nombre de projecteurs soient aujourd’hui braqués sur les Etats laissent à penser qu’il y aura très certainement un accord à Paris. Mais il n’est pas du tout certain, à ce stade, que cet accord soit à la hauteur de la crise climatique. La COP21 aboutira-t-elle le 11 ou le 12 décembre à un accord qui ne négocie pas avec le climat ?

liens

Réseau Action Climat : Comprendre la Conférence de Paris sur le climat

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