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Certaines formes d’agriculture émettent plus de gaz à effet de serre que d’autres. N’en déplaise aux défenseurs d’un certain modèle agricole, ce sont bien les formes d’agriculture réellement écologique, peu intensive en produits chimiques et en importation qui sont le moins nocives pour le climat. Et par nos choix alimentaires, nous pouvons soutenir l’un, ou bien l’autre.

Pour commencer, une rapide plongée dans les chiffres pour mieux comprendre à quels types d’activité sont liées ces émissions, est nécessaire. Voici les grandes proportions des postes d’émissions de gaz à effet de serre liées à ce que nous mangeons en France[1]:

Une agriculture dépendante des engrais azotés et des tourteaux de soja

La fabrication, le transport et l’épandage d’engrais azotés représentent une grosse part d’émissions de gaz à effet de serre liés au secteur agricole[2]. Les importations de produits azotés et engrais de la France ont notamment généré 9,5 millions de tonnes équivalents CO2[3]. Sans compter que l’épandage d’engrais azotés chimique aggrave la perte de matière organique et donc la séquestration du carbone dans les sols. Depuis le début de l’utilisation des engrais chimiques, les sols ont perdu entre 150 et 205 milliards de tonnes de matière organique, ce qui a généré l’émission de 30% du CO2 lié aux activités humaines actuellement présent dans l’atmosphère[4].

Ceci nous amène à un deuxième gros poste d’émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture industrielle : la dépendance des élevages aux importations d’aliments pour les animaux. En 2012, la France a importé 7,4 millions de tonnes équivalent CO2 liés à la fabrication et au transport de tourteaux[5]. Or ces tourteaux sont massivement importés du Brésil et fabriqués à partir de soja, provoquant de la déforestation et donc une perte de biodiversité et de sols vivants, entre autres choses.

Aujourd’hui, un tiers des surfaces cultivées dans le monde est utilisé pour la culture de nourritures pour les animaux[6]. Et ces productions ne sont pas toujours à côté des animaux qu’elles sont sensé nourrir et doivent donc encore parcourir des milliers de kilomètres à travers le monde.

Les animaux ne sont plus dans les prairies, c’est bien ça le problème

Pourtant la solution, on la connaît : Manger moins de viande ET choisir des viandes de qualité, dont les animaux ont pâturé à l’air libre, sont nourris avec de bonnes choses et ne sont pas maltraités. Et on y gagnerait à tous les points de vue. Au niveau environnemental et climatique, ça c’est déjà dit. Mais c’est aussi notre santé qui y gagnerait : nous mangeons trop de viande aujourd’hui : il est conseillé de diviser par presque 2 notre consommation actuelle de viande pour des raisons de santé[7].

Les apports protéiques peuvent être comblés par un grand nombre de végétaux, à commencer par les légumes secs (lentilles, pois cassés, haricots rouges, flageolets, fèves, etc.) et les céréales complètes (blé, maïs, riz, etc.). Mais on trouve également des protéines dans les noix, le brocoli, les produits à base de soja, etc.

Enfin, la baisse de notre consommation de viande et le choix de viandes moins dépendantes des importations est plus solidaire avec les populations des pays du sud. En effet, les grandes cultures exportatrices (en particulier de soja) entrent en concurrence avec un accès à la terre par les populations locales, un usage vivrier des terres agricoles et un usage vivrier de la forêt. En outre, les énormes quantités de céréales et de protéagineux abondant sur les marchés internationaux participent à la volatilité des prix, aggravant l’insécurité alimentaire mondiale.

Passer à l’action : Une nouvelle publication sur l’alimentation et le climat

Afin de permettre à chacun de passer à l’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liés à notre alimentation, le Réseau Action Climat propose une nouvelle publication : « Un coup de fourchette pour le climat ». Ainsi, manger bio et de saison, ou encore soutenir une agriculture paysanne locale et des élevages à l’herbe participe à lutter contre les changements climatiques.

 

Toutes les info sur cette publication :

www.rac-f.org/Un-coup-de-fourchette-pour-le-climat

 

 

 

[1] Calculs basés sur les études suivantes : Les ménages acteurs des émissions de gaz à effet de serre, 4 pages n°115, IFEN, 2006 ; Réduire les émissions liées à la consommation, quelles politiques publiques ? RAC, 2014 ; Estimation d’après méthode ClimAgri, ADEME, 2013.

[2] Les Exxons de l’agriculture, A contre Courant, GRAIN, Septembre 2015.

[3] Importations nettes (importations – exportations), en 2012. Chiffres issus de l’étude Quantification des émissions de gaz à effet de serre contenues dans les produits importés et exportés des secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, RAC, Avril 2015.

[4] Earth Matters – Tackling the climate crisis from the ground up, GRAIN, 2009.

[5] Importations nettes (importations – exportations), en 2012. Chiffres issus de l’étude Quantification des émissions de gaz à effet de serre contenues dans les produits importés et exportés des secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, RAC, Avril 2015.

[6] L’Atlas de la viande – La réalité et les chiffres sur les animaux que nous consommons, Heinrich Böll Stiftung, Friends of the Earth Europe et Arc2020, 2014.

[7] Les besoins nutritionnels journaliers en protéines sont de 52 grammes alors que nous en consommons 90 par jour en moyenne. Diminuer notre consommation de viande, riche en graisses saturées, permet de diminuer les risques de contracter des maladies cardio-vasculaires, du diabète ou encore de l’obésité. INCA : Etude Individuelle Nationale des Consommations Alimentaires (INCA1 en 1998-1999 et INCA2 en 2006-2007).

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