Fresque_humaine_contre_l_aeroport_juin-2006

Le 17 juillet, le tribunal administratif de Nantes a rejeté les dix-sept recours déposés par les opposants au projet d’aéroport. Faisant fi des intentions des associations opposées à l’aéroport de faire appel et des procédures toujours en cours, le Premier Ministre s’est empressé de se prononcer pour la reprise des travaux. Non seulement cette déclaration bafoue l’engagement du Président de la République de ne pas entamer les travaux avant la fin de toutes les procédures juridiques (plus d’informations ici), mais elle décrédibilise la futur présidence française de la COP21 qui se veut exemplaire sur le front du climat. Le projet d’aéroport à Notre-Dames-des-Landes est incompatible avec la lutte contre les changements climatiques et il serait malvenu de ne pas s’en rendre compte à quelques mois du sommet. C’est le moment ou jamais pour le Président de la République d’annoncer l’abandon du projet.

Envol des émissions gaz à effet de serre

Comment concilier la construction d’un nouvel aéroport avec les objectifs de lutte contre les changements climatiques ? C’est impossible : les experts ont démontré que l’objectif de maintien de la hausse des températures mondiales à 2°C ne pourra être atteint sans réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport aérien. Or à l’horizon 2050, les experts ont démontré que la croissance du trafic aérien ne pouvait être compensée par les progrès en efficacité énergétique du secteur aérien. Il est indispensable de mettre un prix au carbone émis par le transport aérien or c’est la situation inverse qui persiste depuis 1944, date à laquelle la convention de Chicago a décidé d’exonérer le carburant utilisé dans l’aviation (kérosène) de toute taxe ! Depuis, les connaissances sur les causes et les impacts des changements climatiques n’ont fait qu’accroitre, sans que les États n’en tiennent compte.

Représentant déjà 2% des émissions mondiales de CO2, les émissions du transport aérien s’envolent. Si le transport aérien était un pays, il serait ainsi le 7ème plus grand pollueur au monde après l’Allemagne.

Compte tenu des autres impacts du transport aérien sur l’atmosphère, le secteur est même responsable de 5% du pouvoir réchauffant global lié aux activités humaines.

Dans ce contexte, il semble évident que toute décision d’infrastructure doit être prise au regard des objectifs que se sont fixés les Etats pour réduire les émissions. En période de transition énergétique, il est prioritaire de développer les alternatives au transport routier et aérien et abandonner les projets d’infrastructures qui nous conduiront droit dans le mur.

Un projet inutile et climaticide

La construction de l’aéroport est principalement motivée par ses promoteurs par les prévisions de trafic à la hausse du transport aérien dans la région. En plus d’être surestimées, les prévisions de trafic ne sont pas tenables, comme le montre le scénario de Virage Énergie Pays de la Loire.

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L’aéroport actuel de Nantes concentre en effet près de 95% du trafic régional. Sur un scénario du laisser-faire, basé sur les prévisions de trafic de la DGAC, les émissions sont multipliées par 6 sur la période 1990 – 2050. Ce n’est en aucun cas conciliable avec les objectifs de réduction du Conseil régional Pays de la Loire de 30% en 2030 (voir le détail ici).

La création d’un nouvel aéroport à notre Dame des Landes pourrait dès lors déboucher sur deux situations : s’il ne donne pas lieu à un gaspillage de ressources financières et naturelles comme c’est le cas en Espagne où l’aéroport Ciudad Real qui, vide depuis sa construction, a été bradé 10000 euros, soit 45 000 fois moins que son prix initial, il aura pour effet de créer un appel d’air engendrant une hausse de trafic aérien contraire aux objectifs de réduction des émissions du secteur des transports.

Plus précisément, le ministère avait démontré que le nouvel aéroport occasionnerait à lui seul pas loin de 3 millions de tonnes de CO2 d’ici à 2060 sans compter les émissions liées aux vols (seulement les phases de décollage et d’atterrissage) soit l’équivalent des émissions de l’ensemble d’une ville comme Strasbourg !

En France, où nous comptons plus d’aéroports que l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis, soit un tiers du nombre d’aéroports régionaux de l’Europe entière, la construction d’un aéroport a tout d’un contre sens environnemental.

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L’abandon : un choix déterminant pour l’avenir.

Exemple unique et emblématique en France, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes n’est pourtant pas un cas isolé. La décision du gouvernement anglais de construire ou non une troisième piste à l’aéroport d’Heathrow sera elle aussi prise à l’aube de la COP21. Les infrastructures de transports, en particulier celles qui sont décidées aujourd’hui et qui déterminent le trafic de demain, doivent être décidées en cohérence avec la transition énergétique et la responsabilité des pays occidentaux de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Abandonner enfin le projet de Notre-Dame-des-Landes serait un signal fort de la France envoyé à l’ensemble des Nations pour faire face à l’urgence climatique dans la perspective de la COP21.

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