Fabius négos

Avant-hier, la société civile lançait un cri d’alerte au Bourget, face aux risques de plus en plus prononcés de voir la COP21 se solder par un accord au rabais. Un accord injuste, incapable de nous remettre sur une trajectoire de réchauffement en deçà du seuil de 1,5°C.

Depuis hier, la tension monte au Bourget. En ces dernières heures fatidiques de discussions, les négociateurs peinent à tenir le rythme. Jeudi 10 décembre, avoir été repoussé de 13h à 15h puis de 15h à 19h, un nouveau texte est finalement paru à 21h. Il s’agit (peut être) de l’avant dernière version de l’Accord de Paris.

 

  Que peut-on dire de ce texte ?

Avant-dernière version : les points clés sont toujours sur la sellette

A première lecture, ce brouillon d’accord présente une nette progression par rapport à la dernière version qui, lui, avait touché le fond. Mais la “progression” est en réalité une prise de risque, un “coup de poker” de la part de la présidence française, qui intègre dans le texte une série d’éléments qui vont dans le bon sens pour le climat mais qui franchissent des « lignes rouges » des pays.

L’avantage : les États ont été poussés dans leurs retranchements et on les a obligés à se positionner pour ou contre l’ambition. L’inconvénient : les tractations entre pays pourraient changer les mots du texte, leur ordre, leur conjugaison…autant de détails qui n’en sont pas et qui pourraient diluer l’accord dans son ensemble. D’ailleurs, les négociations, qui ont duré toute la nuit, se sont largement durcies : chaque État a vu une ou plusieurs de ses lignes rouges franchies.

 

Certains éléments clés ont [progressé]:

 Indaba Solutions

Plus généralement, beaucoup de choix déterminants sont encore entre crochets et d’autres choix déterminants n’y figurent plus.

La grande question politique du jour ? Réintégrer ces éléments manquants et confirmer les avancées dans le brouillon. Se fait également sentir le une impulsion politique des Chefs d’États pour annoncer que les engagements actuels des États seront renforcés et financés avant l’entrée en vigueur en 2020. Parce que ces engagement sont inacceptables si on veut rester dans la limite d’un réchauffement de 1,5°C, demande clé des petits États insulaires en développement dont la survie est menacée. Dans ce texte, on voit que les pays développés sont obligés de se réengager de façon forte. Un certain nombre d’éléments essentiels liés l’adaptation et l’atténuation s’y trouvent aussi.

Dernières heures : les resserrages et arbitrages doivent permettre de conserver le cœur de l’accord et de monter en ambition

Les négociations qui se sont déroulés cette nuit et qui commencent aujourd’hui sont cruciales. La version finale du texte de l’Accord de Paris sera a priori publiée samedi matin, c’est en tout cas la volonté de la présidence française. Il est impératif que les éléments structurants de l’accord de Paris ne se retrouvent pas dilués dans les dernières tractations, et que les éléments manquants viennent compléter le tableau. Il faudra par ailleurs rester vigilant après la COP21 pour que les éléments de l’accord de Paris ne restent pas lettre morte et surtout pour s’assurer qu’ils serviront de plancher et non pas de plafond.

Indaba Nuit

Quelque soit l’accord final, nous savons déjà qu’il sera insuffisant pour enrayer la crise climatique. La lutte va devoir s’amplifier et devenir quotidienne. La transition écologique sera mise en œuvre sur les territoires qui sont, pour la plupart, en avance sur leurs États nationaux trop frileux; elle sera appliquée concrètement par les citoyens qui sont de plus en plus nombreux à investir, épargner, manger, se déplacer, construire et se chauffer autrement.

Elle sera au cœur des luttes de résistance contre les projets climaticides qui polluent les territoires partout dans le monde, y compris en France. Elle sera au cœur des efforts pour réorienter les investissements publics et privés afin de financer la transition écologique. Elle sera au cœur du dialogue social pour s’assurer que la transition est encadrée et accompagne les travailleurs dans la reconversion et la formation professionnelle. L’état d’urgence climatique est plus que jamais présent.

 

 

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