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Négociations : une impulsion politique mais un essai qui reste à transformer

Les chefs d’États et de gouvernements ont laissé la place aux négociateurs. Lundi, ils ont pris soin de rappeler l’importance des enjeux et du travail de négociations au regard de l’urgence climatique. Pendant la semaine qui s’annonce, ce sont donc les négociateurs de chaque gouvernement qui vont devoir reprendre le projet de texte de l’accord de Paris pour se rapprocher d’un accord.

Pour rappel, ce texte fait aujourd’hui 55 pages. Les équipes de négociateurs des 195 pays ont moins d’une semaine pour l’élaguer avant de passer le relais aux ministres de l’environnement ou de l’énergie de leurs pays respectifs. Ce sont ces ministres qui feront les derniers arbitrages, souvent les plus difficiles. L’objet de ces négociations, ce sont plusieurs centaines des fragments du texte actuel. Ces points seront discutés ces prochains jours.

Les négociateurs sont en possession d’un mandat politique : ils ne peuvent plus se cacher et doivent travailler d’arrache-pied à l’obtention d’un accord ambitieux pour le climat.

Parmi les annonces du jour, la France a promis à l’Afrique un total de 2 milliards d’euros pour le développement des énergies renouvelables sur le continent sur la période 2016-2020, et d’augmenter progressivement ses financements pour l’adaptation à 1 milliards d’euros d’ici 2020. Un signal perçu comme positif, montrant que la France prend bien en compte les demandes des pays Africains. En effet, l’Afrique est le continent qui a le moins participé aux émissions de gaz à effet de serre mais c’est aussi le continent le plus touché par les impacts des changements climatiques. Des financements sont plus que jamais nécessaires sur le terrain pour s’y adapter, ainsi que pour développer l’accès à l’énergie de tous par les énergies renouvelables – 70% de la population d’Afrique sub-saharienne n’a pas accès à l’électricité.

 

(c) MaxPPP

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Pour autant, il ne s’agit pas de nouveaux financements, mais plutôt de précisions concernant les annonces faites lors de l’Assemblée générale de l’Onu en septembre. De plus, ces promesses doivent encore être vérifiées : le projet de loi de finances en cours de discussion pourrait bien baisser l’Aide Publique au Développement de la France.

Parallèlement aux négociations de la COP21, d’autres négociations ont lieu et doivent aboutir dans les prochains jours : elles concernent la taxe sur les transactions financières européennes.

Cette taxe est une opportunité pour la France et ses partenaires européens de générer des fonds publics additionnels qui pourront répondre au défi de l’adaptation des pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques. L’obtention d’une taxe ambitieuse pourrait permettre à la France d’être crédible sur la questions des financements climats vis à vis des autres Etats, notamment africains, présent à la COP21. Dans les prochains jours l’Assemblée Nationale déterminera si la France consacrera 50% des recettes issues de cette taxe au climat et à la solidarité internationale – au lieu de 25% comme le souhaite le gouvernement.

Le système alimentaire, contributeur majeur aux émissions mondiales de gaz à effet de serre

Aujourd’hui, c’est le sujet de l’agriculture qui était sur la table au Bourget, dans le cadre des discussions sur l’Agenda des Solutions.

L’Agenda des Solutions rassemble des acteurs étatiques et non étatiques venant de tous les pays pour qu’ils coopèrent sur la mise en place de solutions pour lutter contre les changements climatiques. Le 1er décembre, entre 14h et 18h, cet Agenda des Solutions a mis à en avant la question des liens entre l’agriculture et le climat.

Aujourd’hui, nous produisons à l’échelle mondiale 4 600 kilocalories par personne et par jour. Soit suffisamment pour nourrir 12 milliards de personnes. Mais près de la moitié de cette production est gaspillée, perdue ou destinée à l’alimentation animale. Par ailleurs, entre 44 % et 57% du total des émissions de gaz à effet de serre proviennent du système alimentaire, mondial basé sur l’agro-industrie. Enfin, contrairement à ce qu’avancent les lobbies de l’agro-business, l’enjeu n’est pas d’augmenter la production mondiale mais d’assurer la souveraineté et la sécurité alimentaire des pays par la promotion de l’agro-écologie paysanne. En effet, la croissance de la production agricole n’a jamais permis d’assurer la sécurité alimentaire mondiale, d’après un rapport de l’ONG GRAIN et de la Via Campesina.

 

(c) EDGE OF INDIA

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Les Etats doivent donc se désengager de l’agriculture industrielle comme des énergies fossiles.

Cependant, toutes les “solutions” ne sont pas bonnes à prendre. Et certaines des solutions mises en avant par les Etats ou l’industrie agro-alimentaire font peser des risques majeurs sur la société et les écosystèmes : parce qu’elles sont trop hasardeuses, trop coûteuses et porteuses de plus d’inégalités. Ainsi, les agrocarburants, les OGM ou l’agriculture intelligente face au climat (concept flou promu notamment par des multinationales de l’agriculture industrielle) peuvent à bien des égards être qualifiés de fausses solutions.

Nos choix alimentaires sont des engagements climatiques

Nous soutenons, par nos choix alimentaires, un certain type d’agriculture. Une agriculture parfois réellement écologique et peu nocive pour le climat, ou une agriculture intensive basée entres autres sur la pétrochimie et fortement émettrice de gaz à effet de serre.

L’alimentation représente plus d’un tiers des émissions liées à la consommation des français. Mais ce sont surtout les produits alimentaires issus d’une agriculture industrielle qui sont en cause. Les émissions sont en particulier liées à la production et l’épandage des engrais azotés, à l’importation d’aliments pour les animaux, à la transformation et l’emballage des produits alimentaires, à la gestion des déchets, etc.

7 grandes recommandations peuvent être faites pour mettre notre alimentation au service du climat :

 

Voir ici comment nos comportements alimentaires impactent le climat

 

Sur l’agriculture, la France doit donner l’exemple : limiter les importations et exportations, encourager les citoyens à changer leurs comportements alimentaire et développer enfin massivement une agriculture réellement écologique. En sortant de l’agriculture industrielle, la France pourrait diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

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