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Un nouveau projet d’accord livré à la France et aux ministres

Alors que la première semaine de négociations à la COP21 touche à sa fin, une nouvelle version du projet d’accord international sur le climat vient d’être acceptée par les 195 Etats. C’est ce texte qui sera transmis aux ministres, pour les tractations de la seconde semaine de la Conférence.

Le nouveau projet d’accord est moins touffu. Les choix à opérer sont plus clairs. Mais toutes les options sont encore sur la table, y compris les plus mauvaises. Les positions des pays sont encore très éloignées sur de trop nombreux points de l’accord, comme la différentiation des efforts entre les pays. Nous n’avons plus le temps pour un jeu de poker menteur : les ministres devront abattre leurs cartes dès leur arrivée à Paris. La société civile n’acceptera pas un accord climaticide, un accord accentuant les injustices.

Nous savons que l’accord de Paris ne sera pas suffisant pour répondre à la crise climatique. Il doit néanmoins nous servir de kit de survie, de boîte à outils pour remettre la planète sur le bon chemin : celui d’un réchauffement planétaire non pas de 3°C ou plus, mais inférieur à 1,5 ou 2°C. Pour ​cela​, les ministres d​evront ​impérativement injecter de l’ambition politique dès leur arrivée à Paris​.

 

 

Il est encore possible de rectifier le ti​r, si les ministres réunis à la COP21 prennent les bonnes décisions :

Vraies et fausses solutions pour le climat

La COP21, c’est aussi l’occasion de rappeler qu’il est indispensable d’écarter les fausses solutions, pour lutter efficacement contre les changements climatiques.

Ni nucléaire, ni effet de serre

Le nucléaire représente 11% de la production d’électricité dans le monde et à peine 2% de l’énergie finale consommée. Son champ d’action est donc très réduit. L’argument majeur avancée pour soutenir le nucléaire en tant que solution pour le climat est toujours celui des émissions de CO2 qu’il permet d’éviter. Mais les émissions évitées par le nucléaire sont en fait très faibles : 1,5 milliard de tonnes, soit un peu moins de 4% des émissions de CO2. Parallèlement, le coût de construction des réacteurs nucléaire augmente, alors que celui des énergies renouvelables baisse. Pour en savoir plus, retrouvez la publication du Réseau Action Climat sur le thème“nucléaire et climat” :

Agrocarburants

Les agrocarburants sont présentés par l’industrie agroalimentaire et certains gouvernements comme une solution à développer pour lutter contre les changements climatiques. Mais les agrocarburants sont loin d’avoir fait leur preuve sur le plan environnemental : ils ne réduisent pas les émissions de gaz à effet de serre. La production industrielle d’agrocarburants se révèle souvent plus polluante que l’utilisation d’énergies fossiles. Ils posent de graves problèmes pour la sécurité alimentaire des pays les plus pauvres : les pays qui accueillent ces cultures sur leur territoire sont victime d’un accaparement des terres qui compromet leur capacité à produire leur propre nourriture. Pour en savoir plus, retrouvez la publication du Réseau Action Climat sur le thème “agrocarburants et climat ».

Le mythe du charbon propre

Les technologies de charbon « propre » ne vont évidemment pas dans le sens d’une sortie nécessaire des énergies fossiles. De plus, la technique de « capture et stockage de carbone » (CCS) permettant de rendre ce charbon « propre » n’est pas opérationnelle aujourd’hui et elle est extrêmement coûteuse. Pour finir, le charbon n’est pas une solution pour lutter contre la pauvreté et s’accompagne de risques sociaux et environnementaux importants. Pour en savoir plus, retrouvez la publication du Réseau Action Climat sur le thème “charbon propre”.

“L’agriculture intelligente face au climat”

En 2014, des États (dont la France), acteurs non gouvernementaux et organisations internationales se sont réunis au sein d’une « Alliance mondiale pour l’agriculture intelligente face au climat » (Global Alliance for Climate-Smart Agriculture – GACSA). Cette alliance et le concept d’agriculture intelligente qu’elle met en avant est porté par les grands acteurs privés de l’agro-industrie. En réalité, cette agriculture « intelligente » ne fait que perpétuer un modèle agricole industriel à bout de souffle à grande échelle sans remettre en cause, ni la dépendance de ce type d’agriculture au pétrole et aux intrants chimiques, ni notre façon de consommer. La promotion de ce modèle concurrence les modèles agricoles paysans et compromet la sécurité alimentaire des familles qui en vivent. Pour finir, aucun critère social ou environnemental n’empêche aujourd’hui les ambassadeurs d’une agriculture climaticide d’être étiquetés « climate smart ». La réponse de la climate-smart-agriculture est inadaptée au double défi alimentaire et climatique. Pour en savoir plus, retrouvez la publication du Réseau Action Climat sur le thème “climate-smart-agriculture”.

Les OGM

Les entreprises de biotechnologies sont les premières à vanter les mérites de leurs innovations brevetées pour sortir de la crise climatique, qui menacent directement les équilibres naturels et sociaux. En réalité, les OGM participent d’un système agricole mondial très émetteur de gaz à effets de serre. 70% des semences OGM ont pour but de résister à des fortes doses d’herbicides. Ces derniers polluent les nappes phréatiques et les sols de façon dramatique.

Les industriels du secteur brevettent les semences OGM et font de la vente et de l’échange de semences paysannes un acte criminel. Les agricultures familiales et paysannes sont extrêmement vulnérables face à ces semences privatisées. Enfin, la sélection d’espèces championnes génétiquement modifiées érode gravement la biodiversité. Pourtant, cette biodiversité est pourtant la clé de l’adaptation des pratiques agricoles face aux aléas climatiques. Pour en savoir plus, retrouvez la publication du Réseau Action Climat sur le thème “OGM et climat”.

Victoire contre les grands pollueurs : la sortie du partenariat méthane de l’Agenda des Solutions

Hier, le partenariat pour la réduction du méthane dans les opérations pétrolières et gazières était au coeur des discussions. Le Réseau Action Climat a rappelé sa demande  d’exclure ces grands pollueurs de l’Agenda des Solutions. Ségolène Royal a appuyé cette demande, expliquant qu’il était impossible de laisser des entreprises faire du greenwashing dans le cadre d’un conférence sur le climat au prétexte qu’elles décident d’émettre un peu moins de méthane. Il est essentiel que les acteurs non étatiques et leurs initiatives soient reconnues. Mais cet Agenda des Solutions ne pourra être institutionnalisé tant que la sélection ne sera pas cohérente avec la crise et l’urgence climatiques.

En France, le Village Mondial des Alternatives est ouvert

Et si les vraies solutions pour lutter contre les changements climatiques étaient plutôt à Montreuil ce weekend ?

Organisé par Alternatiba, le Village Mondial des Alternatives sera à la fois une fête populaire, un lieu de débats et un espace de découverte des alternatives aux changements climatiques. Dans 11 espaces différents, 275 alternatives et 20 pays seront représentés pour donner à voir les vraies solutions pour le climat.  

Parmi les sujets abordés : les politiques locales, l’agroécologie, la mobilité douce, la réduction des déchets, la finance responsable, la sobriété et l’efficacité ou encore les énergies renouvelables.

Montreuil - Village Mondial des Alternatives

 

Pour en savoir plus, consultez le programme en ligne du Village Mondial des Alternatives.

liens

Du Business & Climate Summit à la COP21 : quelles solutions pour le climat ?

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