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Additionnalité des financements du climat et du développement, augmentation des financements publics, redirection des subventions aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables : autant de choses qui manquent cruellement au texte de la conférence sur le financement du développement d’Addis Abeba. Quelques mois avant la COP21, cet accord ne permet en aucun cas de rassurer les pays en développement sur les engagements financiers des pays développés.

La troisième conférence internationale sur le financement du développement à Addis Abeba, en Ethiopie, s’est tenue du 13 au 16 juillet dernier. Il s’agissait du point culminant du processus du financement pour le développement, qui se déroule en parallèle de la négociation d’un accord mondial sur le climat qui devra être signé à Paris en décembre lors de la COP21 et qui comprend un volet financier de soutien des pays développés vers les pays en développement (voir la Note de décryptage sur les financements climat du Réseau Climat & Développement).

Après des années de promesses non tenues par les pays développés, l’enjeu des financements climat est particulièrement brûlant. Et pourtant, malgré l’ampleur du défi à relever et à quelques mois de la COP21 qui doit voir signer un accord historique, le texte adopté à Addis n’apporte aucune assurance sur les financements climat à venir : ces derniers font l’objet de seulement trois paragraphes dans un texte de près de 30 pages qui ne fait que réaffimer mollement les engagements déjà pris. Addis représente une opportunité manquée de souligner à la fois la nécessité et les moyens d’accroître les financements publics pour le climat, nécessaires pour répondre aux engagements pris et à venir dans le cadre de la convention climat et pour donner une chance à l’accord de Paris de répondre aux enjeux des pays les plus pauvres et les plus vulnérables.

Climat et développement : deux enjeux, un même défi

Climat et développement sont deux enjeux indissociables. En effet, aucun développement n’est possible sans prise en compte des enjeux climatiques et énergétiques, de même qu’il n’est pas possible de lutter contre les changements climatiques sans relever en même temps le défi de la lutte contre la pauvreté. Pour sortir leurs populations de la dépendance des combustibles fossiles et de la pauvreté et assurer leur résilience face aux aléas climatiques et énergétiques, les pays en développement doivent pouvoir investir massivement dans un modèle de développement sobre en carbone et résilient face aux changements climatiques.

Pour cela, les financements pour le développement et pour le climat doivent être d’une part à la hauteur des enjeux et d’autre part additionnels : le même euro ne doit pas pouvoir être comptabilisé à la fois pour le développement et pour le climat. Faute de quoi, tout effort consenti pour le climat se fera au détriment d’un autre enjeu clé du développement, par exemple l’éducation ou la santé. Cela signifie également que les pays développés doivent mobiliser plus de financements publics pour les pays en développement.

L’intégration du changement climatique dans les politiques de développement est certes bien reflétée dans le texte d’Addis. Mais le fait de s’arrêter à cette première étape, aussi importante soit-elle, envoie comme message le fait que financements climat et financements du développement ne font qu’un. Alors qu’à Addis, une majorité de pays a mentionné le changement climatique comme un défi additionnel à relever avec un surcoût pour les budgets publics, les pays développés n’ont pas apporté de réponses financières précises, envoyant ainsi à moins de 6 mois de la COP21 un signal peu rassurant sur leur volonté politique de mobiliser des ressources additionnelles pour le climat.

C’est d’autant plus scandaleux que très peu de pays bailleurs respectent leurs engagements financiers : collectivement, ils ne consacrent que 0,29% du RNB à l’APD au lieu des 0,7% promis – la France fait partie des mauvais élèves avec 0,36% au mieux. Ils ne dégagent pas non plus de ressources réellement additionnelles pour le climat. L’engagement pris en 2009 – il y a 6 ans ! – à Copenhague par les pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement n’est toujours pas tenu. Il n’existe toujours aucune feuille de route permettant de voir comment il pourrait l’être et selon quelles modalités. Pire, les pays développés comptabilisent leur l’APD 2 fois, au titre de l’APD et au titre des financements climat.

Cela alors même que selon un rapport du PNUE datant de 2014, les coûts de l’adaptation pour l’ensemble des pays en développement pourraient s’élever à 150 milliards de dollars par an d’ici 2025/2030, et entre 250 et 500 milliards de dollars par an d’ici 2050, ce en limitant l’augmentation de la température à 2°C par rapport au niveau préindustriel.

Pourtant, face à l’argument de la crise économique et financière, avancé par les pays développés pour ne pas mobiliser plus de financements publics, les solutions existent !  Ainsi, dans une tribune publiée dans le Monde, des organisations de la société civile européenne et africaine investies sur les questions de climat et de santé plaident pour une taxe sur les transactions financières ambitieuse, élargie et dont une partie des revenus serait reversée à la lutte contre les changements climatiques et les grandes pandémies.

Pas de redirection des subventions aux énergies fossiles.

Enfin, Addis n’a pas non plus permis de trouver un accord sérieux pour rediriger les subventions aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Enfin, Addis n’a pas non plus permis de trouver un accord sérieux pour rediriger les subventions aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Il s’agit d’une question cruciale de cohérence et d’efficacité : pourquoi continue-t-on de détruire largement de la main gauche ce que les miettes distribuées par la main droite peinent à bâtir ? Rediriger les subventions aux énergies fossiles permettrait pourtant à la fois de trouver des financements pour le climat, de réduire largement nos émissions de CO2 et de réduire les impacts néfastes de ces énergies sur la santé et les budgets publics !

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