COAL ANGELS

En cette première journée de négociations, où 150 chefs d’État se sont exprimés, des mots forts ont été utilisés. Les premiers discours renvoient des signaux plutôt positifs. Néanmoins, il reste beaucoup de chemin à faire. La responsabilité de la lutte contre les changements climatiques et leurs impacts revient en grande partie aux États. La France doit jouer son rôle en gardant sa ligne pendant le reste de la COP21. Elle doit également envoyer à l’échelle nationale des signaux forts en faveur de la sortie des énergies fossiles et du cap de 100% d’énergies renouvelables à horizon 2050.

 

MISE A JOUR au 01/12 : « ÉCLAIRCIE EN FIN DE JOURNÉE : Petite éclaircie en fin de journée, hier soir : 47 pays dits “vulnérables” se sont mis d’accord pour porter une position commune et demander 100% d’énergies renouvelables pour 2050. C’est une première. Et c’est une belle nouvelle. Car c’est la proposition principale de Greenpeace. Nous la suivrons donc avec la plus grande vigilance dans les jours qui viennent.

C’est donc maintenant au tour des négociateurs de travailler pour obtenir un accord. »

Cette mise à jour est issue de la Gazette COP21 de Greenpeace France

 

Une présidence française qui envoie de bons signaux

Les Chefs d’Etats ont ouvert ce matin la conférence avec des mots très forts.

Laurent Fabius a par exemple évoqué dans son discours l’objectif d’un réchauffement de 1,5°C. Une mention tout sauf anodine, qui renvoie notamment au seuil de réchauffement qui serait acceptable pour les petits Etats insulaires en développement (notamment représentés par les 44 pays de l’AOSIS). Pour rappel, les acteurs de la COP21 parlent aujourd’hui d’un accord qui pourrait nous permettre de ne pas dépasser le seuil de réchauffement des 2°C.

C’était le cas de François Hollande. La référence de François Hollande à la justice climatique est encourageante. Elle constitue une main tendue à une grande partie des pays les plus vulnérables, auxquels il a également fait référence. La mention de la notion de justice climatique est aussi une réponse aux déclarations de Narendra Modi, Premier Ministre indien.

 

Les projecteurs braqués sur l’Inde ?

L’Inde a fait comprendre qu’elle s’inquiétait en effet de la reconnaissance par les pays développés de leur responsabilité en matière de changements climatiques.

Le Premier Ministre indien Narendra Modi s’est exprimé dans le Financial Times, notamment pour appeler à la collaboration internationale et inviter ces pays riches à prendre leur responsabilité. « Nous devrions inscrire notre besoin d’énergie propre et d’habitats sains dans un esprit de partenariat sans chercher à faire de différences entre les nations.« , a-t-il également déclaré.

 

 

En plus de cela, l’Inde a annoncé cet après-midi une « Alliance Solaire Internationale » afin de montrer qu’elle prend des initiatives en matière de transition énergétique. Les interventions du Premier Ministre indien et cette annonce de cette initiative ont été vus par les observateurs comme un signal positif au lancement de la COP21.  

Les moments forts de cette première journée

Barack Obama a parlé du climat comme étant le grand problème moral de notre temps. Il doit maintenant tenir ses promesses. Les scientifiques sont clairs : nous devons en finir avec les énergies fossiles et aller vers un cap de 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2050. Le président américain a également reconnu la responsabilité historique des Etats-Unis en matière de changements climatiques.

 

 

Autre moment fort, emblématique de l’urgence climatique : le président des Îles Marshall s’est exprimé pour rappeler la situation de son pays. « Notre pays a besoin d’aide. » a-t-il déclaré. Le territoire des Îles Marshall est situé à 2 mètres au dessus du niveau de la mer et le pays est menacée par la montée des eaux.

Le Climate Vulnerable Forum (43 pays parmi les plus vulnérables du Bengladesh au Costa Rica en passant par les îles Fidji) s’est réuni aujourd’hui pour appeler les acteurs de la COP21 à mettre les besoins des pays vulnérables au cœur du nouvel accord. Rappelons que les pays les plus vulnérables sont les pays les plus pauvres et les plus touchés par les impacts des changements climatiques.

Après les discours, place aux actes ?

On peut parler d’une dynamique intéressante du côté de la présidence française. Mais le pire comme le meilleur sont encore possibles. Dans son discours, le Président français a parlé de 3 conditions qui feraient de la COP21 une réussite. D’abord, la mise en place d’un “mécanisme de l’ambition” qui permettrait la révision tous les 5 ans des engagements des Etats en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, l’installation d’une vraie solidarité avec les pays les plus vulnérables. Pour finir, la transition massive et rapide vers les énergies renouvelables.

Ces 3 conditions de succès listées par François Hollande nécessiteront beaucoup de travail. Ce sont de grands enjeux, mais nous resterons vigilants quant à la façon dont ils seront restranscrits dans l’accord. Des références ont été faites à l’Agenda des Solutions. Les ONG font un travail très important sur cette question et se font aussi le relai des solutions citoyennes. A l’heure de grands discours qui peuvent sembler abstraits, il faut rappeler que l’enjeu de la COP21 est aussi de pouvoir faire le tri entre les vraies alternatives et les « fausses solutions ». Ces fausses solutions sont présentes à la COP21, où certaines entreprises en sont les ambassadrices.

2 points majeurs sur lesquels tout reste à faire

Il s’agit d’abord d’agréger toutes les pièces du puzzle et d’obtenir un texte sur lesquelles tous les pays peuvent se mettre d’accord et qui sera donc signé par tous et qui sera surtout à la hauteur du défi climatique.

Le futur de la France est aussi en question. Les citoyens français ont déjà vu par le passé des annonces pour répondre à l’urgence climatique qui n’ont pas été suivies d’effets : Le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, qui serait climaticide, est toujours soutenu par le gouvernement. Le nucléaire, une technologie pourtant incapable de répondre à l’urgence climatique, est toujours brandie comme solution. Enfin, l’indemnité kilométrique vélo, censée promouvoir les solutions de mobilité non émettrices de gaz à effet de serre, est actuellement remise en cause dans le projet de loi de finances.

Rappelons pour finir que la COP21, si elle peut apporter un socle à une action commune, ne sera jamais une baguette magique pour répondre à l’urgence climatique. Elle reste un point de départ à partir duquel nos dirigeants vont devoir agir, au travers de leurs politiques nationales.

 

Retrouvez le déroulé de la journée du 30 novembre sur notre page « en direct ». 

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