8 décembre 2015
2,7°C, c’est la hausse des températures qui nous attend si on en croit les promesses actuelles de réductions des émissions des pays qui ont annoncé leurs contributions nationales (INDCs) avant la COP21. Et ce serait déjà beaucoup trop.
Les ministres sont venus à la COP21 pour que nous échappions à un monde à +3°C et pour refuser de signer l’arrêt de mort de certains pays. C’était le sens de la série de discours prononcés par les chefs d’États il y a 8 jours seulement. Il semble que cette promesse soit oubliée. Un réchauffement qui irait au delà du seuil de 1,5°C ferait disparaître un pays comme Tuvalu. L’avenir de centaines de millions de personnes est en jeu.
Dans les discours tenus depuis quelques jours, l’enjeu véritable de cet accord semble donc être passé à la trappe.
De nombreux pays semblent croire qu’il suffit de se dire en faveur du seuil de réchauffement de 1,5°C pour répondre à la crise climatique. Cet affichage n’a aucun sens si l’accord ne donne également pas les moyens d’atteindre cet objectif. Sans un calendrier clair, sans financements, sans un cap de long terme, et sans un engagement des pays pour revoir leurs contributions nationales avant 2020, nous ne serons pas à la hauteur des enjeux.
Pour résumer, on s’oriente dans cette dernière ligne droite des négociations vers la signature d’un objectif commun sans se poser la questions des moyens qu’il faut mettre en œuvre pour l’atteindre.
Les ministres doivent donc élever le débat au plus vite. Il faut un sursaut et une ré-implication des chefs d’États pour tirer l’accord vers le haut. Des compromis sont en train de se dessiner et doivent nous alerter : les objectifs de long termes et le respect des droits humains sont sacrifiés au profit d’ambiguïtés, d’engagements financiers de court terme et d’une indulgence envers les grands pollueurs.
Il est urgent de corriger le tir.
Ce midi au Bourget, une action de la société civile a eu lieu pour rappeler aux ministres leur responsabilité face à l’urgence climatique. Le but était de rappeler l’importance de deux messages : nous ne pouvons pas nous permettre de dépasser un seuil de 1,5°C de réchauffement et nous devons nous donner les moyens d’atteindre ces objectifs !
Les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ont été mis à l’honneur ces derniers jours de le cadre de l’Agenda des Solutions de la COP21.
La science nous montre que le développement des énergies renouvelables permettrait de réduire les pollutions et les risques des autres énergies, de produire de l’énergie adaptée aux ressources de chaque territoire, d’impliquer les citoyens dans les choix réalisés localement et dans les investissements, de réduire le déficit de la balance commerciale et de créer plusieurs centaines de milliers d’emplois d’ici à 2030.
Partout dans le monde, des pays et des collectivités s’engagent vers le 100% énergies renouvelables : le Costa Rica, l’île El Hierro en Espagne, Genève et Vancouver, en sont des exemples. Ces derniers jours, dans le cadre de la COP21, 700 maires de grandes villes du monde ainsi que les 43 pays parmi les plus vulnérables du Climate Vulnerable Forum se sont prononcés en faveur de ce même objectif.
Un rapport du WWF publié hier est venu appuyer ces arguments : de grands progrès technologiques et des prix qui chutent rapidement portent aujourd’hui les renouvelables sur le devant de la scène. La transition vers le cap du 100% renouvelable va dans le sens de l’Histoire.
La transition est déjà à l’œuvre dans les territoires de différents pays : il s’agit maintenant pour les pays qui négocient dans le cadre de la COP21 de se mettre au diapason de la réalité du terrain.
En France, le scénario pour atteindre l’objectif “100% renouvelable” existe déjà ! Les travaux de l’association Négawatt et de l’ADEME montre qu’il est à notre portée et bénéfique pour tous. À tel point que les actions et les ambitions des collectivités dépassent parfois l’action des gouvernements. Les collectivités territoriales sont donc en mesure de jouer un rôle fondamental, face à l’urgence climatique.
En France, le scénario du 100% renouvelable existe déjà ! Article de @NatGeoFrance sur le scénario négaWatt https://t.co/9TytFsHWdR #COP21
— Association négaWatt (@nWassociation) 7 Décembre 2015
C’est une responsabilité internationale que d’agir dès aujourd’hui à l’échelle régionale : selon le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), 70% des leviers d’actions pour réduire les émissions de CO2 se situent aux échelles territoriales. C’est donc en agissant concrètement localement que l’on contribue à l’effort global du défi climatique.
En France, les Territoires à Énergie Positive montrent que l’objectif 100% énergie renouvelable n’est pas une chimère ! Les Régions peuvent et doivent elles aussi lutter contre le réchauffement climatique.
Mais comme pour les États, il y a parmi les territoires les cancres et les bons élèves lorsqu’on évoque l’action climatique locale : la société civile doit veiller à ce que ne se creuse pas de décalage entre bonnes intentions et réalisations. Un devoir de vigilance qui fait échos aux élections régionales en France, dont les candidats semblent avoir oubliés qu’ils doivent intégrer le climat dans leurs politiques.
Les actualités climat décryptées par le Réseau Action Climat